Saturday, October 25, 2008

Eclosion éclatante

J’aime quand tout va de travers, quand tout se dérègle. Quand paniqués les gens de la vraie vie celle du quotidien fastidieux, ceux qui vivent des quarts d’heures laborieux ne savent plus où donner de la tête et comment réagir.

J’aime quand les rôles sont inversés, quand les repères sont brouillés.

J’aime quand tout est désorganisé, quand le pull est par terre, quand la casserole est toujours dans l’évier, quand le rouge à lèvre est dans le salon et que ta tête repose sur mes seins.

J’aime quand tout est faux. Que je sors le matin, bien habillée, toute élégante, que je fais claquer mes talons au sol que j’imite les plus grandes que je me crois très très belle. Que je poursuis ma journée en donnant des indications, instructions en prenant des rendez-vous, en en repoussant certains. J’aime quand je brandis mon stylo rouge que je m’insurge contre une faute d’orthographe, que je fais l’offusquée.

Je me revois encore dans la cour de l’école créant un jeu en imitant des rôles, courant partout, essayant de convaincre toute oreille ouverte qu’il faut établir telle règle et refuser telle autre. Ma jupe est souple, ma naïveté entière, mon esprit malicieux, mes joues bien gonflées, je n’ai que sept ans, je ne te connais pas encore mais j’ai déjà tout pour t’aimer.

Rien de plus, rien de moins. Plus tard je serais secrétaire, avocate, professeur, j’aurai de grandes lunettes qui me donneront un air strict, j’aurai de belles jupes moulantes qui dessineront mes formes, j’aurai un crayon à la main pour pouvoir tout noter, tout écrire. J’ai tout cela et je n’ai pourtant rien.

J’aime quand tout est prévu d’avance que tu arrives en balayant mes plans comme de vieux projets tout poussiérieux et déjà hors d’usage. Quand tu m’accueilles en me prenant la main, que tu t’armes de ton silence pour laisser parler tes yeux. Quand tu lis sur mes lèvres, quand tu joues avec moi, quand tu fais des bulles, quand tu regardes mes fesses, quand tu fais mine pour ceci quand tu fais la moue pour cela, quand il est trop tôt pour se quitter, quand il est déjà trop tard ; pourquoi ne s’être pas vu avant ?

Il est quatre heures, je fais des bruits. Il est quatre heures tu dors dans le lit.

Il est quatre heures j’ai envie de toi, il est quatre heures tu dors avec moi.

Il est quatre heures, je voudrais te réveiller.

Il est quatre heures tu dors comme un bébé.

Il est quatre heures cinq, je me décide, je me lance.

J’ai encore peur que tu repousses mes avances.

L’intemporalité je voudrais que ce soit moi. Aller à l’opéra en salopette, me regarder dans la glace, faire rire, faire sourire, faire réagir, énerver, agacer, faire vivre ceux qui sommeillent, réveiller ceux qui sont trop absorbés, être trop folle pour s’en apercevoir, pas assez pour sombrer dans le désespoir. Eteins la lumière j’ai sommeil, ne me regarde pas tu verras que je t’aime.


L’intemporalité je voudrais que ce soit toi. Sonne à ma porte, écris moi, appelle moi, emmène moi. Reviens, cours, saute, ne réfléchis pas, demeure pensif, trouve moi un nouveau surnom encore plus ridicule, fais moi danser dans la cuisine, fais moi manger dans la salle de bain, berce moi, chuchote, plus bas, encore, stop, arrête tu me fais des chatouilles.

L’intemporalité je voudrais que ce soit toi et moi. Je ne sais comment, je ne sais où je ne sais je ne sais, je ne sais pas. Si attendez, je sais un peu quand même. Mais je ne vous direz rien.

Monsieur, puis je vous empruntez votre cendrier s’il vous plaît ?

Monsieur, puis-je renversez mon café sur votre pardessus ?

Monsieur, puis-je vous demandez qui vous êtes ?

Si tu arrives à refaire tout ce que je fais, alors tu deviendras mon amant. Je descendrais avec celui qui fera les choses plus extraordinaires. Pourquoi je ne veux pas allez à Capri ? Parce que tu es un âne. Tu les aimes mes fesses ?

J’aime les femmes qui pleurent. Un homme peint avec mon sang un cœur sur mes draps et écris la date de notre amour ainsi que nos noms.

Un homme se lève un matin court desespèrement un dimanche, m’offre une rose qu’il a volé chez le voisin.

Un homme se lève et pars de chez moi, j’ai peur, il revient avec encore plus d’amour.

Un homme se lève un matin, il m’entraîne dehors, il fait froid, je me lève, je le suis. Nous arrivons sur la plage, il dessine sur le sable ces mots : « je t’aime », puis il court, il hurle je ne suis même plus là, il est seul avec sa liberté, il est seul et moi je ne contrarie ni lui ni elle.

Celui-là je voudrais que ce soit toi.

Je t’aime plus pour tout ce que tu n’es pas que pour ce que tu es.

Si tu étais beau, je ne t’aimerais pas, parce qu’un jour je me dirais, tu vas vieillir et devenir moche. Si tu étais beau, je ne t’aimerais pas parce que je me dirais si tu es beau tu es forcément bête.

Si tu étais grand orateur je ne t’aimerais pas parce que je me dirais que ta bouche se mue si vite qu’elle profère forcément plus que ce que ton cœur peut produire.

Si tu étais riche je ne t’aimerais parce que tu ne connaîtrais pas la valeur des choses, car tu ne saurais pas lier ton âme à des objets.

Je n’ai qu’une seule vie alors dans ma vie je serai tout. Je serai partout, je serai tout le monde, je serai nulle part, je serai personne. Je n’ai qu’une seule vie alors je veux tout faire, tout voir, tout entendre, je m’épuise, je m’étouffe, de l’air, je n’ai qu’une seule vie et je ne serai jamais que moi-même.

Je danse, j’ai enfilé une tenue décolletée, mis du rouge sur les lèvres, peins mes yeux et je danse. Mes cheveux se balancent, le miroir me renvoie mon image, j’aimerais que tu me surprenne. J’aimerais que tu me trouves belle.

A l’autre bout de la ligne, il y a son regard, plongé dans le vide. A l’autre bout de la ligne il y a ses yeux noirs, ni amande ni ronds, tout juste marrons. A l’autre bout de la ligne il y a ses yeux peints en noir, si expressifs, presque orientaux. A l’autre bout de la ligne, il y a cette femme que je désire tant mais qui est si loin que j’en oublie tout.

Quelle tenue porte-t-elle ? A quoi pense-t-elle ? A cette distance, je ne ressens plus rien, mes vibrations m’ont quitté. Je parle à un fil qui me renvoie une voix pourtant connue. En soi pas très agréable, trop stridente, trop aigue.

Armée de nouvelles chaussures blanches je franchis le pas de la porte. Après de nombreux choix basiques je précise des listes potentielles. Avec de nettes classifications biennales je fabrique les parures de la période.

Il fait un soleil ardent je marche sans réfléchir. Il fera une soirée agréable, je m’apprêterai sans rigueur.

Si le nez de Cléopâtre avait été moins long, la face du monde en aurait été changée.

Si le naseau de Clotide avait été moins longiligne, la férocité du mari énervé aurait été clémente.

Surement lire des chapitres a eu mystérieusement longtemps la faveur des maîtres en apprentissage élémentaire catégoriel.

Vivre demain comme le premier jour de ma vie sans toi, cela je ne le peux pas. M’imaginer, loin de moi, dans les bras d’une autre et sans penser à moi, cela je ne le peux pas. Je refuse de souffrir, j’en ai une peur incontrôlable, incontrôlée, j’ai peur aide-moi, j’ai peur rassure-moi, je te demande souvent pas plus qu’une caresse dans les cheveux, qu’un bisou sur mon front, qu’un sourire complice, qu’un clin d’œil, qu’une parole.

0 Comments:

Post a Comment

Subscribe to Post Comments [Atom]

<< Home