Saturday, May 05, 2007



Surement, elle t'avait aimé. Même un peu trop, peut être. Un peu trop, au regard de l'intérêt vivotant que tu lui portais. Il est trop facile de dire je t'aime. On peut même le crier sur les toîts. Rien n'y change.

Assise près d'un fenêtre ambuée, elle était nostalgique de ton regard, de tes bras autour de son cou, de tes élans affecteux. Elle se recroquevillait sur elle-même, regardant la pluie tombée. La buée augmentait petit à petit et son jardin semblait s'éloigner d'elle. Elle se sentait se détacher de tous les objets qui l'entouraient et s'en aller progressivement. Son corps apaisé, sa tête relachée, elle posa celle-ci sur ses genoux et versa une larme. Elle ne savait pas trop si c'était de la joie ou de la tristesse. Ses cheveux pendaient de tout leur long sur ses jambes. Elle sentait son corps trembler à chacune des pensées qui traversaient son esprit.



Un chien aboya. Elle ne le connaissait pas. Ce bruit ne lui était en rien familier. Ceci augmenta la suprise qu'elle pu ressentir. Elle se leva d'un bond. Ses cheveux se retrouvèrent, d'un mouvement sec, projetés en arrière. Elle observa un instant le curieux animal à travers sa fenêtre ambuée, puis alla ouvrir. L'herbe sentait fort. De tout le jardin s'évaporait un parfum d'après la pluie. Ces odeurs réveillèrent ses sens et elle se sentit particulièrement détendue et sure d'elle. Elle fit un pas en avant pour aller à l'encontre du chien lorsqu'elle se rendit compte de ta présence. Elle remonta alors tout doucement son regard et franchit lentement tes bottes boueuses puis ton pantalon mal endossé pour s'arrêter d'une manière gênante au niveau de ta ceinture. Elle se releva alors, après un instant d'hésitation, d'un trait. Et affronta avec dûreté ton regard. Elle s'essuya d'un geste brutal et mal réfléchi les quelques gouttes qui coulaient tout au long de son visage. Après t'avoir lancé d'un ton froid et distant une invitation mal assumée à entrer elle tourna ses épaules et ses pieds se dirigeant, avec une quasi-précipitation, vers le seuil de sa maison.


Assis tous deux autour d'un café chaud, serrant trop fort leurs tasses, ils n'osaient affronter leur regards. La pluie servait à Margot de prétexte. Elle regrettait sa tranquillité près de la fenêtre. Elle regrettait que tu ne sois pas plus entreprenant en cet instant. Que tu ne t'exprimes pas plus. Que tu ne ressentes pas le besoin de crier, de lui pleurer dans les plis de sa jupe. Que tu t'engoufres pas en elle. Que tu ne jettes pas ton visage assombri dans ses longs cheveux nacrés. Que tu ne la serres pas très fort. Que tu ne montres pas que tu as peur de la perdre et qu'en ce moment cela seul t'importe.

Elle t'avait aimé. Peut être un peu trop.


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