Saturday, May 12, 2007

Nuri Bilge Ceylan et la Turquie


Encore peu connu en France, le réalisateur Nuri Bilge Ceylan nous fait découvrir une autre Turquie, une Turquie très proche de l'Europe, très moderne, peu enclein à se laisser islamiser. Ses personnages sont tous compliqués, sincères, très émouvants et modernes. Ils roulent en smart pour les plus riches, habitent Istanbul pour certains.

Mais Nuri Bilge Ceylan sait aussi parler des autres turcs. De la Turquie de l'Anatolie, de celle très pauvre et très rude dont les habitants sont très loins de notre modernité bouillonante. Ils vivent à leur rythme, ne connaissent pas les mots stress ou être débordé. Dans son film Uzak, qui signifie loin en turc, Nuri Bilge Ceylan met en scène deux cousins totalement opposés. Un urbain, ayant un travail, de l'argent, une voiture, un ordinnateur, des livres et un autre venant de la campagne, très pauvre, qui jalouse tout ce qu'il n'a pas. Loin, comme pour signifier que deux Turquies s'affrontent au sein parfois d'une même famille. Loin, comme pour signifier aussi qu'il suffit parfois d'un tout petit pas pour que le rapprochement soit possible et que l'union profite à chacun.



Mais, au-delà, le réalisateur Nuri Bilge Ceylan sait parler de ce qui dérange. Il le fait sans éclats, d'une manière très sensible. Dans son dernier film intitulé Les climats (Iklimer) il met en scène un court instant un taxi (taksi) posant devant une mosquée avec un air féroce et courageux. Le parallèle avec les photos de terroriste est alors frapant, comme pour signifier que ce peut être demain n'importe qui, qu'un visage ne signifie rien et qu'il ne faut pas s'arrêter aux traits marqués de ce taxi pourtant fort gentil et innocent.

Un réalisateur d'une sensibilité remarquable qui montre que la Turquie bien qu'encore sur certains points et dans certaines régions très en retard est un pays qui est loin en étant tout proche.

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