Monday, October 02, 2006

Notre destin est-il entre nos mains?


L'homme ne maîtrise pas tout : le climat, les tremblements de terre, etc bref l'ensemble des phénomènes naturels lui échappe. Cette évidence cache une question à laquelle il est impossible de répondre (mais néanmoins intéressant de s'interroger) : quelle est la portée de la maîtrise de l'homme sur son propre destin?

L'homme dans son quotidien opère des choix le plus souvent sans même s'en apercevoir, d'autres plus pesant nécessitent réflexion, recul et surtout hésitations. Ainsi a première vue, s'il existe une première sphère qui échappe de toute évidence à la maîtrise de l'homme au plus on se rapproche de l'individu lui-même au plus, semble-t-il, l'homme acquiert de la maîtrise. La sphère de la responsabilité humaine est elle-même calquée sur ce critère d'extériorité : l'homme n'est responsable que des évènements qu'il a produit que ce soit par un acte positif ou une inaction.


Ainsi, toujours en adoptant ce même schéma la religion juive oppose ce qui échappe à l'entendement humain et qui relève de la présence divine (chehina) et ce qui relève au contraire du libre arbitre de l'homme. Par libre-arbitre il faut entendre l'opportunité laissée par D.ieu à l'homme de faire des choix, d'opter, de décider de sa vie et de son propre destin. Le Rav Arieh Kaplan dans son ouvrage intitulé Si vous étiez D.ieu affirme que "Nous portons la pleine responsbailité de nos gestes et l'entier crédit pour le bien que nous faisons. Il nous est loisible d'opter entre le bien et le mal : c'est cela qui rend vraiment méritoire le choix du bien " (Passage extrait de Yad Techouvah 5,1). Mais si l'on raisonne en renversant la structure de cette pensée, au demeurant tout à fait remarquable, on aboutit à l'idée suivante : si l'on affirme à l'homme qu'il n'est pas maître de son propre destin et que tout est déterminé se pose immédiatement une question d'éthique fondamentale dans la structure des sociétés : l'homme ne pourra pas être rendu responsable de ses actes et par suite aucune vie en société de manière pacifique ne serait véritablement possible. L'idée du libre-arbitre ajoutée à son pendant les limites de l'entendement humain (le divin) permet de créer une structure socialisante et d'encadrer l'homme pour que les conditions de la vie et de la paix soient possibles.




Première étape, pourrons nous dire, s'il est certain qu'un ensemble de phénomènes échappent à l'homme d'autres au contraire sont le fruit de sa liberté et c'est comme le rappelle Sartre dans L'être et le néant en agissant que l'homme met en oeuvre et apporte, pour ainsi dire, la preuve matérielle de sa liberté. En accordant objectiuf, but, visée et acte, l'homme établit qu'il maîtrise une sphère entière de son propre destin et pour Sartre c'est ici un argument essentiel contre l'école déterministe : l'homme décide du motif de son acte (il n'y a pas d'acte sans motif) et réalise ce motif prouvant ainsi qu'il maîtrise son destin : "Parler d'un acte sans motif, c'est parler d'un acte auquel manquerait la structure intentionnelle de tout acte et les partisans de la liberté, en la cherchant au niveau de l'acte en train de se faire, ne sauraient aboutir qu'à la rendre absurde. Mais les déterministes à leur tour se font la partie trop belle en arrêtant leur recherche à la pure désignation du motif et du mobile. [...] Il n'est pas de phénomène sans cause."

Et pour Sartre la clé de tout est le temps : c'est en revenant une fois l'acte accompli sur les évènements que le mobil intrinsèque (l'en soi) se révèle à l'homme : "de même que le futur revient sur le présent et le passé pour l'éclairer, de même c'est l'ensemble de mes projets qui revient en arrière pour conférer au mobile sa structure de mobile". Et dans cette étude rétrospective, Sartre rappelle qu'il est tout aussi important de s'attacher aux faits positifs que négatifs : "Le mobile se fait apprendre ce qu'il est par l'ensemble des êtres qui ne sont pas". (Jean-Paul Sartre, L'être et le néant).

Ainsi donc l'homme évoluerait entre une sphère de totale non-maîtrise et une sphère de liberté au sein de laquelle il réaliserait ses désirs, ses buts et dans laquelle donc son destin serait entre ses mains. Et même si la compréhension des mobiles n'est pas toujours possible immédiatement il faut semble-t-il à suivre Sartre du temps pour que cela puisse s'éclairer.

Mais cette donnée temporelle est également utilisée par les tenants de l'école déterministe comme en témoigne cette citation de Tiziano Terziani : "Il y a un route dans la vie, et la stupidité de la chose c'est que tu ne t'en aperçois qu'à la fin. Tu te retournes et tu dis "Oh, mais regarde, il y a un fil!"Quand tu vis, tu ne le vois pas, le fil, et pourtant il existe. Parce que toutes les décisions que tu prends, les choix que tu fais sont déterminées, tu crois, à ton libre arbitre, mais ceci n'est qu'une farce. Les choses sont déterminées par quelque chose au centre de toi (on retrouve ici l'en soi de Sartre) qui est avant tout ton instinct et puis peut-être par quelque chose que tes amis indiens appellent le karma avaec lequel ils expliquent tout, même ce qui est inexplicable. Ce concept a peut-être un fondement parce qu'il y a des choses dans la vie qui ne s'expliquent pas sinon avec l'accumulationdes mérites et fautes dans les vies précédentes". (Tiziano Terziani, La fine è il mio inizio)

Il est évident que nul ne peut déterminer avec précision quelle est la part de maîtrise de l'homme sur son propre destin mais l'homme semble donc avoir un pouvoir d'action vascillant entre liberté et impuissance. Mais au vu de ces éléments il semble donc que l'homme soit partagé entre maîtrise et impuissance. La marge d'influence évolue t-elle d'un individu à un autre, voilà sans doute une autre question. Il semble certain que la personne qui aura une certaine maîtrise de soi-même sera moins encleinte à se laisser emportée par un évènement soudain. C'est en tout cas ce qui semble ressortir des récits communément effectués par les personnes survivantes d'un drame ou encore de la conception de l'existence chez certains penseurs notamment asiatiques.

Mais là encore quelle part pour le hasard et quelle part de maîtrise. Si l'intelligence humaine permettant de réaliser certains de nos objectifs influe certainement sur notre destin ainsi que notre faculté à prendre du recul sur les évènements restera sans doute toujours cette part d'inconnu et d'incompréhension qui fera sans doute le lie des pro-déterministes ainsi que des croyances et c'est peut-être aussi bien que la vie soit assaisonnée d'un soupçon de mystère...

Filmographie rapide et incomplète reprenant ce thème :

-L'effet papillon de Mackye gruber et Eric Bress
-Un amour à New York de Peter Chelsom
-Un jour sans fin de Harold Ramis
-Smoking, no smoking d'Alain Resnais

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