Tuesday, September 19, 2006

Sommes nous tous gay?


Ce pourrait être et c'est sans doute pour beaucoup d'entre nous une question dépourvue de sens. Et pourtant. Des études ont démontré qu'un homme sur trois a une expérience homosexuelle durant son adolescence. Ainsi, il semblerait que la confrontation et le rapprochement avec une personne du même sexe soit une étape incontournable de la construction de notre identité sexuelle.

Camille Laurens dans la présentation de son dernier ouvrage Ni toi ni moi explique que la lecture de son roman peut être également effectuée en remplaçant l'homme par la mère car le premier amour est avant tout maternel : comme un retour nécessaire aux origines avant toute ouverture à une sexualité épanouie. Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe rappelle combien l'identité sexuelle est délicate à trouver que ce soit pour l'homme ou pour la femme : "l'ensemble du drame sexuel est plus complexe pour la petite fille que pour ses frères : elle peut être tentée de réagir au complexe de castration en refusant sa féminité, en s"entêtant à convoiter un pénis et à s'identifier au père; cette attitude la conduira à demeurer au stade clitoridien, à devenir frigide ou à se tourner vers l'homosexualité".

Si l'on opère un petit retour sur nous même et sur l'amour que l'on porte à notre propre corps l'on peut s'interroger sur le paradoxe que l'on peut trouver à dire aimer son propre corps tout en s'affirmant être répulsé par celui (du même sexe que nous d'autrui). Ontolongiquement il n'y a pas de différence.

L'amitié féminine par exemple est empreinte d'une homosexualité latente. Et au-delà de l'amitié il est courant d'apercevoir des femmes observer d'autres femmes. Il s'agit souvent d'un regard de rivalité : il portera sur l'allure, la parure la démarche. Il aura essentiellement une visée comparatiste. Mais qu'est ce qui pousse une femme à en observer d'une manière si attentive une autre? La jalousie, l'envie, le désir d'être l'autre ou d'avoir ce qu'a l'autre. Dès lors s'effectue un positionnement de soi par rapport à l'autre et dans ce parallèle deux portes s'ouvrent :

Soit la porte de la pensée critique (non mais regarde comment elle est fringuée celle-là...) Dans ce cas là, la résultante sera négative. Autrement dit l'on affirmera qu'aucune envie ne découle de ce regard.
Soit la porte de l'envie, du désir d'être comme d'avoir ce qu'a cette autre femme et d'être ainsi en voulant ce qu'elle a une part de ce qu'elle est. La résultante est positive. Est né du regard observateur un désir qui pousse une femme vers une autre femme.
Un rapprochement est désiré. A ce stade la frontière semble très mince entre le désir d'être comme et le désir dans sa plus simple expression. Qu'il y a -t-il de plus intime que vouloir une part de l'autre devienne notre (c'est vouloir que ce que l'on veut chez l'autre pénètre pour venir en nous même).




Par ailleurs, que pensez du courant actuel des métrosexuels?Il remet en question la position de la virilité masculine traditionnelle. L'homme devient cette autre femme. Il consomme produits de beauté et vêtements de luxe. Ce retour sur soi, cet intérêt porté par l'homme moderne sur sa propre allure, sur son être et le souci qui est alors porté à son propre être n'est encore rien d'autre qu'un positionnement de l'homme par rapport aux autres hommes. Le métrosexuel va s'observer et observer ses congénères pour déterminer s'il correspond ou non aux critères de beauté définis par la société qui l'entoure. Pour effectuer ce travail de comparaison, il va regarder les autres hommes et l'attitude féminine trouve ici un pendant chez les hommes.
Le métrosexuel brouille la ligne de séparation entre l'homme et la femme . Les critères de la féminité ne sont plus propres à l'espèce féminine et l'appropriation de nombreux d'entre eux par l'homme moderne ainsi que la perte corrélative des critères de détermination de l'homme engendrent une féminisation progressive du genre masculin. Ceci implique un nouveau relationnel des hommes entre eux et l'homosexualité est encore ici latente.




Alors, entre bisexualité et hétérosexualité ne s'agirait-il au final que d'une question de passage à l'acte??


Remarques cinématographiques :

-Les filles du botaniste

-Le secret de brokeback montain

-Yossi et Jagger


1 Camille Laurens Ni toi ni moi, édition Broché, 2006 et article de presse Elle magazine n°3166 du 4 septembre 2006.
2 Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, tome 1, page 56, édition gallimard idées, 1949.
3 www.pinktv.fr

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