Thursday, August 24, 2006

L'antihumanisme : 2ème étape


1-L'homme ne croit plus ni en Dieu que pour lui-même :


L'homme d'aujourd'hui ne croit plus en Dieu : s'il croit c'est pour lui et non en raison d'une imposition sociale extérieure ou d'une réelle foit intérieure. La croyance n'est plus pensée et vécue a priori mais choisie : elle est tombée dans le cercle de l'indiviudalisme : l'individu souverain dans la construction de son être choisi sa croyance, de croire ou de ne pas croire. La foi fait partie d'un des multiples choix de l'homme. Elle est par suite revendiquée non pour elle-même mais parce qu'elle est le fruit d'un choix et parce qu'elle représente, en tant que tel, ce que l'homme qui s'est décidé croyant veut être. Elle est ainsi un mode de revendication de son être. Elle devient un moyen de différenciation et d'affirmation de sa personnalité. Elle s'inscrit dans ce mouvement qui consiste à tout faire pour être vu, reconnu et considéré. Si je suis croyant, je ne suis pas non croyant. Je me définis donc dans ce choix, dans cette option.. J'entends donc que l'on considère ce choix et par ce biais que l'on me considère. j'exige donc que l'on respecte, que l'on prenne en compte ce choix, ce mode de vie. Voilà pourquoi je me montre extérieurement être croyant, je m'affiche, je m'exclus de ceux qui ne participent pas du même mouvement que le mien. En les rejettant, je me construis et me définis. Je suis en n'étant pas ce que je ne suis pas. La religion n'est donc plus vécue dans le strict cercle privé mais le religieux trouve au contraire son épanouissement dans la démonstration de sa foi. L'extrémisme (quelque soit sa branche) est alors une oprte ouverte et la plus aisée, la plus compensatrice et réconfortante, pour s'affirmer réellement par le biais de sa foi. Je suis d'autant plus définit pour moi-même et pour les autres que je vis ma religion de la manière la plus apparente, la plus extrême. Je m'affirme réellement par la branche de ma foi du fait que je vis celle-ci le plus radicalement possible. Mon appartenance ne peut plus dès lors être remise en cause. Nul ne pourra plus contester ma différenciation, mon identité, mon être et ma construction. Il s'en suit que tout symbole d'appartenance à une communauté religieuse est bon à prendre : habillement, comportements alimentaires, comportements sexuels, rapport au temps ... Tout ce qui me permet de m'affirmer aux yeux des autres comme ayant telle identité est bénéfique.

2-L'homme ne croit plus en l'homme :

A-Sur la notion de respect :

Ce terme revient sans cesse aujourd'hui. Il est plaqué dans toutes les conversations, plaquardé sur des affiches et a fait l'objet récemment d'une campagne contre la violence scolaire. L'on a lors de cette campagne distribué à chaque élève un bracelet sur lequelé était inscrit le mot "respect".

Ce terme a vraisemeblablement pris une importance décisive et est devenu en quelques années le point de départ de toute relation humaine. Le basculement s'est produit suite à l'utilisation massive qui a été faite de ce mot par les jeunes des cités. Il s'inscrit ainsi dans une volonté de revendication ultime de son être. Il est devenu l'exigence première et cardinale de toute relation sociale. L'amour et l'amitié viennent en deçà, ne peuvent intervenir qu'a posteriori, le respect est la première phase, la condition sine qua non de tout lien social.

Mais on peut alors légitimement s'interroger sur le pourquoi d'un tel besoin de respect :

-ou si l'on fait appel à cette notion, c'est que l'on estime qu'il n'y en a pas assez, que le respect ferait désormais défaut : l'homme d'aujourd'hui ne respecterait plus son prochain;
-ou il est l'expression de cette revendication de l'individu, un des fruits de l'individualisme sans avoir de cause patente : l'homme a besoin face à la masse de reconnaissance et exige donc comme base de toute relation sociale le respect;

L'homme des siècles précédents n'avait pas à revendiquer le respect car de deux choses l'une : ou il appartenait à une classe sociale supérieure et le respect était acquis ; ou il appartenait à une classe sociale inférieure et il n'avait pas droit au respect : en tant que serviteur, serf, paysan, il ne lui serait pas venu à l'esprit d'exiger le respect. Autrement dit chaque individu en ayant sa place dans la société pouvait adapter le seuil de ses prétentions en fonction.

Il en résulte que l'exigence du respect est avant tout le fruit de l'égalité voulue et accordée par la structure sociale. En faisant croire ou du moins en établissant l'égalité pour tous, dont le dernier pan est sans doute l'égalité des chances, la société (et l'Etat) ont donc ouvert la voie à une nouvelle revendication : le respect c'est à dire l'application pratique et concrète de l'égalité promise.

Or, comme cette égalité n'est pas obtenur, elle reste à l'état de revendication. Associée à l'individualisme croissant, cette déception, cette constatation de ce faux semblant transforme cette revendication en agression. Les formes que prenne cette revendication sont des plus violentes et haineuses. C'est le constat de l'inégalité et la souffrance qui peut en découler dans une société marquée par l'individualisme qui expliquent ce soudain appel à la notion de respect.

B-L'excès comme réaction à la négation :

L'individualisme certes a pris son envol et a conquis notre société occidentale, mais les revendications exarcerbées auxquelles on peut auujourd'hui assister vont au-delà d'une simple expression de cet individualisme répandu. L'indivdu est né, la société, le groupe a définitivement reculé pour laisser place à l'homme en tant qu'être unique. Or, dans le même temps l'Etat a nié à l'homme le droit à l'épanouissement. C'est le paradoxe du capitalisme de donner le droit à l'individu d'exister en tant que tel (droit de ne plus être qu'un maillon invisible de la chaîne sociale) et dans le même temps de ne pas lui permettre réellement de s'exprimer. Tout est fait pour que l'homme se sente exister en tant qu'individu propre : l'autonomie qui lui est accordée, les choix auxquels iol est confronté chaque jour : la société capitaliste multiplie notamment par le biais de la consommation ces choix pour maintenir l'individu dans l'illusion d'une construction et d'une différenciation. Et ceci pour lui permettre de penser que chaque jour il est et demeure unique, essentiel et important, pour lui faire penser que son être et son existence importent en eux-mêmes et pour les autres.

C'est l'illusion de l'importance de la vie humaine en elle-même et l'illusion du rejet définitif de la mort comme inacceptable.

Il faut à tout prix défendre une vie humaine, chaque vie humaine a son importance, voilà des refrains qui s'entendent quotidiennement. C'est la croyance que la société capitaliste veut créer en nous selon laquelle chaque homme a sa place et qu'il lui suffit de la trouver. Cette idée se retrouve également dans celle selon laquelle chaque homme a sa moitié, son contraire etc...

L'homme n'a ainsi pas le temps et plus la capacité intellectuelle de se poser la question essentielle de la raison d'être car il demeure dans la croyance d'une progression constante. C'est ici l'illusion du progrès de l'humanité appliquée à l'échelle de l'individu

Chaque jour est une phase de ma construction (voilà pourquoi l'âge n'a plus réellement d'étapes prédéfinies, qu'il n'y a plus par exemple de frein à commencer ses études en plein âge adulte). Chaque jour je me construis puisque je fais des choix : c'est l'illusion également d'une liberté qui me permettrait de tout faire, de tout être, de tout devenir.

Or, ce capitalisme nie dans le même temps l'individu de la manière la plus forte qui soit :
-la machine financière montre à l'homme qu'il n'est rien : l'on est ce que l'on possède uniquement.
-le fonctionnement même du système actuel en permettant un accroissement de la précarisation abrupte (licenciements, délocalisations, accroissement du pouvoir du secteur privé ...)
-la construction de forteresses, de building qui nient de par leur caractère gigantestque et leurs dimensions démesurées l'échelle humaine et montre ainsi à l'homme qu'il n'est qu'un rouage manipulé d'une grande machine qui le dépasse largement (prenons l'exmple de la défense à Paris).

L'individu ne trouvant pas de satisfaction à ses revendications et étant confronté à la négation de son propre individu alors qu'il vivait dans le leurre de son importance augmente le champ du nombre de ses revendications. Celles-ci deviennent agressives et non plus seulement démonstratives : l'homme ne se contente plus pour se penser exister et pour se sentir bien de se montrer comme porteur d'une identité et d'attirer sur lui les regards. Quand vient sa négation et le réveil de toutes ces croyances et illusions il en devient agressif et haineux.


La réaction est alors celle de la négation par l'homme de son prochain comme l'homme qui s'est senti nié l'a été et c'est cet enchaînement qui, selon moi, crée le fondement de l'antihumanisme moderne.


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